De l’allaitement maternel

A la clinique où j’ai accouché, il n’y avait pas de berceau. C’est la nouvelle politique à Mada, car cela permet de rapprocher tout de suite la mère et l’enfant. Mon problème était que le matelas était incroyablement mou, que j’étais quand même crevée après l’accouchement et que j’avais peur d’étouffer le pauvre Roudou. Deux heures après la naissance, une sage femme débarque et me demande si le petit avait tété. Je lui réponds que non. Elle me dit qu’il ne faut pas trainer, me met le petit au sein et me dit de le réveiller toutes les deux heures pour le faire téter. C’était la galère, j’étais mal installée sur ce matelas mou, je me sentais hyper maladroite, mon mamelon gauche était ombiliqué mais le pire c’était la chaleur !!! Il faisait au moins 28° dehors et j’étais sous deux grosses couvertures ; c’était pour éviter que je prenne des gaz. En plus, on m’a ajouté un petit plaid sur les épaules car soit disant cela permet au lait de monter plus rapidement. (Avec du recul je dirai que c’est la tétée qui fait monter le lait plus rapidement … Bref)

Un peu plus tard, deuxième essai sur un fauteuil. Une autre sage femme me montre comment m’installer. Ventre contre ventre me répète-t-elle sans cesse. Elle me dit comment utiliser le bout de sein en silicone et s’en va. Elle me dit qu’elle reviendra pour voir si tout se passe bien. On me remet encore le plaid sur les épaules et une couverture sur les jambes, je sue à grosses gouttes, Roudou aussi (normal il fait toujours 30° dans la chambre) … Pendant notre séjour à la clinique, on donnait des bib’ à Roudou toutes les trois heures. Mes parents avaient tellement peur qu’il ne mange pas assez et n’avaient pas vraiment confiance en ma production de lait. Le biberon les rassurait. Moi je me sentais tellement nulle que je n’ai rien dit et ai laissé faire. De retour à la maison, je ne savais toujours pas mieux allaiter et mon bout de sein continuait de se planquer. Du coup, je n’allaitais que d’un sein, la conséquence est que l’autre sein se gonflait et je risquais de faire un abcès. J’ai donc vidé le sein manuellement et grâce au tire-lait j’ai finalement pu faire sortir le bout de mamelon et allaiter des deux côtés ! 🙂 Mais ce n’était pas encore gagné car une énorme crevasse s’est formée sur le sein gauche. Elle était très douloureuse ! J’ai essayé de nombreux trucs pour la soigner mais c’était assez contraignant (il fallait laver le mamelon avant chaque tétée). Finalement, ma sœur a ramené la pommade Lansinoh qui a fait des merveilles !

Allaiter à la demande. A Madagascar, beaucoup de personnes disent que dès qu’un bébé pleure il faut lui donner le sein. Je ne suis pas tellement d’accord, un bébé qui a des régurgitations pleure juste après la tétée, on ne va pas lui redonner à téter ! Non ?? Quand le bébé souffre de coliques, il pleure beaucoup et téterait n’importe quoi pour se calmer. Pour moi, ce n’est pas ça allaiter à la demande. Ce n’est pas toujours évident de savoir quand le bébé a faim, en particuliers, le premier mois où on a l’impression que le bébé pleure tout le temps. Il faut donc apprendre à décoder les signaux de bébé qui indique qu’il a faim. Souvent il commence par agiter les bras et les jambes, puis à bouger les lèvres et se met à pleurer s’il n’a toujours pas été mis au sein. Ceci étant il ne fait pas non plus se brusquer et ne pas donner le sein sous prétexte que ce n’est pas l’heure !

Combien de tétées par jour ? Quelle durée pour les tétées ? Pour le premier mois, Roudou tétait entre 8 et 12 fois par jour, la durée des tétées était assez variables … Parfois cela durait 40 minutes …. Pendant la préparation à l’accouchement, la sage femme nous avait dit de donner les deux seins, 10 minutes par sein. Je dirai que finalement c’est à peu près ça après la période de « rodage ». Aujourd’hui (à deux mois) Roudou tète toutes les deux ou trois heures la journée et toutes les quatre ou cinq heures la nuit. Il faut juste savoir qu’il est important que le bébé tète un sein « jusqu’au bout » pour avoir le lait de fin de tétée qui lui apporte les graisses nécessaires pour bien grandir !

J’ai acheté un tire lait. Je me disais que ce serait bien de pouvoir lui donner du lait maternel au biberon quand je reprendrai le travail ou quand je dois sortir. Je n’ai pas encore trouvé le rythme car le problème est que le corps produit exactement la quantité de lait dont le bébé a besoin. Il ne peut donc pas produire subitement 1/4 de litre supplémentaire parce que vous avez décidé d’aller au resto ! J’ai donc réussi à tirer mon lait deux fois, à chaque fois, Roudou était avec sa grand mère du coup il fallait que je vide le sein et ça marchait bien. Les autres fois, j’arrivais à tirer péniblement 20 ou 30 mL, ce qui ne suffirait pas à le nourrir. ^^

Bref, tout ça pour dire que même si c’est qu’il y a de plus naturel, l’allaitement n’est pas toujours simple. Il faut savoir qu’il faut être hyper disponible (surtout le premier mois), que vous risquez d’allaiter à n’importe quelle heure pour une durée indéterminée et que c’est fatigant au début. Mais c’est vrai que le lait maternel est le meilleur aliment pour le bébé, car génétiquement il a été conçu spécialement pour votre bébé. En plus, il contient des anticorps qui protègent efficacement le bébé. Enfin, cela permet de partager un moment unique avec son bébé ; quand il a fini de téter et qu’il fait un sourire béat, c’est un vrai bonheur !

Par contre, il ne faut pas culpabiliser de donner du lait artificiel. Au début, j’en pleurais, j’avais lu que le lait artificiel détruisait les bienfaits du lait maternel, que prendre deux types de lait favorisait les coliques etc. Je ne voulais pas que D. donne un bib’ à Roudou mais un soir j’étais tellement crevée que j’ai cédé et finalement ça m’a fait du bien j’étais encore plus motivée à lui donner le sein après. Aujourd’hui à deux mois, il est quasiment à 100% en allaitement maternel, il prend un ou deux bib’ de lait artificiel par mois. J’espère pouvoir organiser mes journées pour pouvoir tirer plus de lait (j’ai lu sur des forums que des femmes avaient des stocks énormes de lait …) et préparer sereinement le retour au boulot.




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